25 mai 2024

Notre Spécificité

Notre Spécificité : Un nouveau Rite Maçonnique  » Le Rite Œcuménique  » (Judéo-Chrétien-Musulman)

Pourquoi un nouveau rite maçonnique ? de Jean-Marc Aractingi

Si j’ai élaboré un nouveau rite en franc-maçonnerie , le rite œcuménique ou abrahamique ( judéo-chrétien et musulman) , alors qu’il existe une multitude de rites, allant de celui qui est le plus pratiqué au monde, le Rite Ecossais Ancien et Accepté ( REAA ) à celui du Rite Français en passant par le Rite Ecossais Rectifié (RER ) , d’York, de Memphis, de Misraïm, d’Émulation et bien d’autres, c’est parce que tous ces rites fondent leurs références uniquement sur la culture biblique aussi bien rencontrée dans le christianisme que dans le judaïsme, et que seul le Rite Œcuménique ( RO ), tout en préservant l’essentiel de ces différentes cultures, les complète en faisant référence à la culture arabo-musulmane.

Un rite qui se veut universel et compréhensible pour toutes les cultures du monde, que l’on soit d’origine asiatique, africaine, européenne ou autre.

Le Rite Œcuménique loin de renier ses origines, se fonde sur le Rite Ecossais Ancien et Accepté dont il conserve toute l’architecture mais s’inspire de l’ancienne maçonnerie musulmane opérative, au même titre que des branches initiatiques de l’Islam (Soufis, Druzes et Ismaéliens).

Il fait toujours appel aux symboles et références communs au judéo-christianisme, mais emprunte à la symbolique musulmane ( comme, par exemple, des signes de reconnaissance, une symbolique des couleurs ou du voyage initiatique du Prophète… ).

Il est évident qu’il ne s’agit pas de « greffer » uniquement un élément oriental sur une franc-maçonnerie de forme initiatique occidentale.

Ainsi dans les « ARCANES » du Rite Œcuménique , l’organisation initiatique des différents grades ne sont pas  » un mélange de formes traditionnelles  » mais un corpus herméneutique bien structuré et cohérent autour des mythes et des rituels arabo-musulmans , de la symbolique du REAA et enfin de celles des « Bâtiniyins  » ( Soufis,Ismaéliens, Druzes, Alaouites ) , sachant qu’en islam spirituel, on distingue le sens exotérique ou apparent des textes et traditions, appelé zâhir ou dorsal, c’est-à-dire extérieur, du sens ésotérique ou profond du même texte ou tradition, appelé bâtin ou abdominal, c’est-à-dire intérieur d’où le nom de Bâtiniyins.

Une première ébauche de ce rite a été publiée en 2011 aux éditions l’Harmattan ( Paris ) , mais elle était inachevée et peu précise, ce qui est normal sachant que pour élaborer un nouveau rite maçonnique il faut plusieurs années, voir décennies !

Si on admet que l’essentiel de la démarche maçonnique se retrouve dans la volonté de pacifier les relations sociales inter-religieuses en prônant la tolérance, le respect des autres et de soi-même , on voit bien combien cette démarche est encore d’actualité dans le monde agité qui est le nôtre.

Ce nouveau rite est le résultat d’un constat désolant pour des adeptes d’une fraternité universelle, c’est que peu de Français, ou d’Européens, de confession musulmane fréquentent les loges maçonniques, toutes obédiences confondues.

Il y a , d’après moi , trois raisons principales a cela :

La première est relative à l’idée qui a véhiculée assez longtemps et héritée du 19e siècle au temps de « l’Affaire Dreyfus » qui est celle du « Complot Judéo-Maçonnique ».

Cette idée soutenue encore par une certaine catégorie de gens consiste à faire attribuer aux juifs et aux francs-maçons tous les maux de notre société : immigration incontrôlée, pertes des valeurs morales, délinquances etc..

Dans ce schéma, le juif serait à l’origine de la délinquance morale en introduisant dans la politique cette tendance de « cosmopolitisme » et le franc-maçon, quant à lui, ourdirait dans la pénombre des loges, un complot permanent contre la République.

La seconde est liée à la création de l’État d’Israël.

Là, la franc-maçonnerie est taxée d’être sioniste ayant des racines juives.

Les intégristes musulmans n’hésitent pas, d’ailleurs, à la montrer comme anti-islamique en disant que c’est « une institution juive et sioniste qui glorifie le judaïsme ».

La troisième, et la principale à nos yeux, c’est les rituels pratiqués dans les loges .

En effet ces rituels rappellent pour la plupart d’entre eux les histoires bibliques, le Talmud et la Kabbale.

Ce qui fait dire à certains que la « franc-maçonnerie est l’enfant du judaïsme ».

En effet, la tradition biblique et hébraïque est très présente en loges, et ce qui ne manque pas de frapper le nouvel apprenti, c’est l’abondance des mots hébreux et des références à l’Ancien Testament, comme par exemple, le personnage d’Hiram qui est tiré de la Bible ; les décors des loges qui ont des évocations bibliques ; les deux colonnes à l’entrée de la loge (Jakin et Boaz ) sont des répliques des colonnes du temple de Salomon, etc..

On trouve aussi les mêmes préoccupations bibliques au cours des « planches » (travaux) dans les loges.

Ces travaux donnent lieu, comme on le sait, à de subtils débats.

Il y va de même pour le nom de certaines loges, qui ont bien souvent une consonance biblique : « Fraternité de Salomon », « l’Arche d’Alliance », « la Nouvelle Jérusalem » etc..

Tout cela provient de l’influence protestante du Pasteur Anderson, le fondateur de la Constitution de la franc-maçonnerie moderne.

Anderson était fasciné par l’hébreu et a transmis ses références bibliques à la franc-maçonnerie.

Le goût du symbole, la multiplicité des mots hébreux, sont autant de caractéristiques héritées du protestantisme et de l’influence du judaïsme sur cette dernière.

Quant à l’influence Chrétienne, elle aussi détient une grande place dans les différents rituels surtout dans les hauts grades.

Rien ne vient donc conforter le regard du musulman, ou tisser un lien avec son passé, son histoire sociale et religieuse.

Pour étayer ce qui précède , voici deux extraits de lettres de motivation que le Grand Orient Arabe Œcuménique ( Obédience qui pratique le Rite Œcuménique ) reçoit assez souvent :

La première émanant d’un postulant profane :

«Afin de procéder à l’étude de ma candidature en qualité de franc maçon au sein de Grand Orient Arabe Œcuménique , je vous remercie par avance de bien vouloir trouver ce qui suit : [… Pourquoi avoir ciblé votre entité le Grand Orient Arabe Œcuménique ?

En toute honnêteté, j’ai le devoir de vous rendre compte des faits suivants:

Il y a un an , j’ai passé des entretiens auprès de 3 « Frères ».

Puis, j’ai été convoqué au sein de la Grande Loge de France pour y répondre à divers questions sous le bandeau.

Après l’entretien, ils m’ont admis, et j’en étais et je reste très honoré, mais je n’ai pas donné suite.

Pourquoi ?

Je n’étais pas prêt à m’investir.

Mais, le plus marquant et triste à dire, c’est que cette dernière ne reflétait pas à mes besoins … du fait de ma confession musulmane peut-être ?

Où j’avais peur tout simplement de mon intégration !

Cependant, un sentiment de malaise s’y est installé et j’avais l’impression d’être seul au Monde.

Plus fort, confiant, je vous soumets ce jour ma demande au sein du Grand Orient Arabe Œcuménique ….] .»

La seconde d’une postulante déjà Maître franc-maçonne :

Mes Très Chers Frères et Sœurs ,

« Par quoi dois-je commencer pour vous exprimer ma joie de vous avoir enfin trouvé ? Et combien de fois moi-même , j’y ai pensé en silence afin que la lumière de l’Orient puisse briller aussi en Orient ?

[…] « le fait d’adhérer à une loge du rite œcuménique représente le « rassembler ce qui est épars » tout à fait conforme au sublime idéal maçonnique qui a du mal, hélas , à se fixer comme il se doit dans la pratique régulière des loges traditionnelles.

Il représente le respect de la différence dans tous les sens du terme .

Tout en étant totalement perméable aux symboles et mythes judéo-chrétiens, il se trouve qu’une approche ésotérique arabo-musulmane ne pourra qu’intensifier les couleurs.

Les trois religions me parlent à part égale et je ne vois pas pourquoi je dois en sacrifier une au bénéfice des autres.

Peu importe pour moi, si sur l’autel du serment figure, la bible, l’évangile de Saint Jean ou encore le Coran , pourvu que les trois versions ou manifestations, de la même et unique chose s’offrent à notre entendement dans toute sa splendeur.

Comment peut-on nier l’une des pointes du triangle sacré ?

Ne sont-ils pas tous les enfants d’Abraham ? […]